Chapitre 1L’ouverture commerciale des
économies depuis le 19ième siècle
Nicolas Danglade 2020-2021ECE2 Paul Gauguin, Papeete (PF)
www.eshpaulgauguin.comInscription obligatoire
Mondialisation commerciale (X3)
Mondialisation financière (X3)
Europe (X3)
Chômage et emploi
Inflation et déflation
Les crises financières
Politiques conjoncturelles
Politiques structurelles
Politiques sociales
Faut-il craindre le retour de laconcentration industrielle ?(ESCP 2020)
Les politiques économiques peuvent-elles éviter les crises économiques ?(Ecricome 2020)
Peut-on réguler le commerce international ? (Ecricome 2020)
Le modèle socialfrançais est-il àbout de souffle ?(ESSEC 2020)
Le capitalisme est-il soutenable ? (HEC 2020)
Définitions
• Le commerce international concerne les transactions internationales de marchandises et d’activités de services• Il est mesuré (en valeur ou en volume) par le montant total des
exportations ou des importations enregistrées dans la balance commerciale• La différence entre la valeur des exportations et celle des
importations constitue le solde commercial• En 2018 (Rapport OMC sur le commerce mondial de 2019), le
commerce mondial des marchandises se montait à 19480 milliards de dollars EU et le commerce mondial des services à 5800 milliards de dollars EU
Les échanges peuvent être de différentes natures
Les échanges intrabranches = produits identiques
Niveau de gamme différents = échanges intrabranches verticaux
Différences de variétés = échanges intrabranches
horizontaux
Echange interbranche = produits différents
Produits finis (à destination des ménages ou des entreprises) ou des produits intermédiaires
• La mondialisation Ouverture des économies
Hausse des échanges commerciaux = internationalisation commerciale
Hausse des échanges de capitaux = internationalisation des systèmes financiers
X et M de produits finis et de biens intermédiaires
Interdépendance des marchés et des systèmes productifs
Interdépendance des systèmes financiers
Comment illustrer ces interdépendances ?
• La mondialisation Ouverture des économies
Hausse des échanges commerciaux = internationalisation commerciale
Hausse des échanges de capitaux = internationalisation des systèmes financiers
X et M de produits finis et de biens intermédiaires
Entrées et sorties de capitaux
Interdépendance des marchés et des systèmes productifs
Interdépendance des systèmes financiers
Comment illustrer ces interdépendances ?
IDE
L’évolution du commerce mondiale depuis le 19ième siècle
Périodes ? Caractéristiques ?
Facteurs explicatifs ?
1. La première mondialisation : le commerce international jusqu’en 1914• Suzanne Berger Notre première mondialisation. Leçons d’un échec
oublié (2003)• 1830-1914 = périodisation de Suzanne Berger• Facteurs explicatifs de l’essor des échanges commerciaux
internationaux ?
1. La première mondialisation : le commerce international jusqu’en 1914• Suzanne Berger Notre première mondialisation. Leçons d’un échec
oublié (2003)• 1830-1914 = périodisation de Suzanne Berger• Facteurs explicatifs de l’essor des échanges commerciaux
internationaux- Le rôle des innovations et du progrès technique - Le rôle des politiques commerciales libre-échangistes - Les transformations du système monétaire et financier
1. Le rôle des innovations et du progrès technique • Grandes innovations du 19ième siècle qui permettent de stimuler les
échanges internationaux ?
• Grandes innovations du 19ième siècle qui permettent de stimuler les échanges internationaux ? • Transport = train / isthmes • Communication = télégramme • Conséquence sur le commerce international ?
• Grandes innovations du 19ième siècle qui permettent de stimuler les échanges internationaux ? • Transport = train / isthmes Suez (1869), Corinthe en 1893, Kiel en
1895 et Panama (1914)• Communication = télégramme • Conséquence sur le commerce international = baisse des coûts de
distance = baisse des coûts de transaction
Document : développement des chemins de fer et évolution du prix du fret
Source : http://blogageco.blogspot.fr/2010/01/breve-histoire-des-couts-commerciaux.html
• L’amélioration des transports / baisse des coûts de distance a également une conséquence sur la taille des firmes
• L’amélioration des transports / baisse des coûts de distance a également une conséquence sur la taille des firmes • Les entreprises concentrent leurs moyens de production sur le même
lieux = phénomène d’agglomération et de concentration = économie d’échelle + changement de gouvernance
1.2 Les politiques libre-échangistes
• Le pays précurseur du libre-échange est la Grande Bretagne • C’est la première puissance économique et militaire • Leadership / puissance hégémonique (Charles Kindleberger)
Décisions unilatérales de la Grande Bretagne de libéraliser son commerce extérieur • Abolition des corn laws en 1846 (apparues au début du 15ième siècle)• Abolition de l’Acte de navigation en 1849• Suppression des droits de douanes sur les productions industrielles
(manufacturées)
Signature de traités commerciaux • Traité commercial bi-latéral avec la France 1860 : Traité Cobden-
Chevalier • Mise en œuvre de la clause de la nation la plus favorisée
• Volonté politiques des grandes puissances de développer le commerce mondial
Conséquences
baisse importante des droits de douane, jusqu’au milieu de la décennie 1870
Le taux moyen des tarifs douaniers sur les produits manufacturés entre pays européens = 6-8% en 1875
Hausse du commerce des matières premières Hausse du commerce de produits manufacturés
Hausse du taux d’ouverture commerciale
Progrès technique
Baisse coûts de distance
Politiques commerciales
Accès au marché / Baisse droits de douane
Stimuler les échanges internationaux de
matières premières et de marchandises
La première mondialisation connaît aussi des périodes de ralentissement économique qui pousse les Etats à se refermer • Notamment la période 1880 -1913 (Loi Méline en France 1882;
protectionnisme aux Etats-Unis)• Seule la Grande Bretagne reste libre-échangiste durant toute la
première mondialisation
1.3 Les transformations du système monétaire Adoption du système monétaire de l’étalon-or • La convertibilité or des monnaies = choix d’un régime de change fixe =
faire disparaître les incertitudes sur les évolutions futures du taux de change = favorise les anticipations des agents et les échanges
Source : J.B. Gosse « Le cycle britannique des déséquilibres financiers internationaux (XVIème siècle - 1944) »,
2008
Circulation internationale des capitaux : • Financement des entreprises (changement de gouvernance des
entreprises)• Financement des Etats
Une détention de capitaux à l’étranger importante - Grande Bretagne : 40% de la richesse britannique placée à l’étranger
(essentiellement dans ses colonies) - France : 40% de la richesse française placée sous forme de valeurs
mobilières / entre 30% et 50% de ces titres placés à l’étranger
• Léon Say, ministre des Finance dans les premières années de la IIIème République : « On envoie aujourd’hui dans une lettre, de France en Angleterre, d’Angleterre au Canada (….) tout ce qui se possède en un mot. La chose reste immobile, mais son image est sans cesses transportée d’un lieu dans un autre : c’est comme un jeu de miroir qui enverrait en reflet plus haut, plus bas, à droite à gauche. La chose est dans un lieu, mais on en jouit partout ».
1.4 La nature et la géographie des échanges
• Le commerce mondial est multiplié par six en volume de 1860 à 1914 (soit une croissance de 3 à 4% par an en moyenne )• Le commerce de marchandises : passe de 3% de la production
mondiale en 1800 à 30% en 1913
Tableau 5 : Exportations en % du PIB France GB Allemagne USA Japon Monde 1820 1,3 3,1 - 2 - 1 1870 4,9 12 9,5 2,5 0,2 5 1913 8,2 17,7 15,6 3,7 2,4 8,7
Source : http://brasseul.free.fr/Chapitre_4_mondialisation_XIXe.htm
• Le taux d’ouverture commerciale Document : Europe de l’Ouest de 1850 à 2000 (X+M/PIB)
Source : https://ecointerview.wordpress.com/2013/07/22/panorama-du-taux-douverture-europeen-depuis-
1850/
GB / Economies européennes Reste du monde
Produits primaires
Produits manufacturés
La part des produits primaires = deux tiers des exportations mondiales, La part des produits manufacturés = un tiers des X mondiales
1.5 Les flux de personnes : apparition d’une immigration volontaire massive • Deux grands changements dans les migrations du 19ième siècle :
- La part des migrants libres passe de 20% dans les années 1820 à 80%
dans les années 1840
- L’ampleur du flux = migrations de masse • Taux d’immigration et d’émigration supérieurs à 50 pour 1000
A la veille de la première guerre mondiale, les non-autochtones = 15% de la population des Etats-Unis et 30% de la population de l’Argentine
L’Europe : une zone de migrations massive (extra et intra-européenne) = une diaspora européenne planétaire • 60 millions d'Européens partent outre-mer entre le début du XIXe
siècle et la veille de la Première Guerre mondiale (1,4M de départs chaque année entre 1909 et 1911).• Les îles Britanniques fournissent représentent plus de 40% des
migrants européens : 8,5 millions de 1880 à 1910. Pour tout le XIXe siècle, la population du Royaume-Uni passe de 16 à 42 millions malgré le départ de 20 millions de personnes. • Les autres grands foyers d'émigration sont l'Italie (6M), les pays de
langue allemande (5M), l'Espagne et le Portugal (3,5M), la Russie (2M), la Pologne, les régions de l'Autriche-Hongrie et les pays scandinaves (1,5M).
Les Etats-Unis, pays d’accueil
Document : arrivées annuelles aux États-Unis 1820 - 1830 : 14 300 immigrants par an 1830 -1840 59 900 1840 - 1850 : 171 300 (accélération liée à la crise de 1845-48 en
Europe) 1850 - 1860 : 259 800 (époque de la ruée vers l'or, découvert en
1849 en Californie) 1860 - 1870 : 240 000 (maintien des migrations à un niveau
élevé malgré la guerre de Sécession) 1870 - 1880 : 280 000 1880 - 1890 : 524 000 (grande dépression en Europe qui
favorise les départs) 1890 - 1900 : 384 000 (reprise économique qui les freine) 1900 - 1910 : 879 500 (1900-1903 : 664 000 par an, 1904 :
821 000, 1905 : 1 027 000) 1910 - 1920 : 573 500
Source : http://brasseul.free.fr/Chapitre_4_mondialisation_XIXe.htm
• Des conséquences sur le fonctionnement des marchés du travail
En résumé, la première mondialisation
Progrès technique Volonté politique en faveur du libre-échange =
internationalisation des flux commerciaux
Volonté politique en faveur de l’Internationalisation
des flux de capitaux
Volonté politique en faveur des
migrations internationales
Ouverture / internationalisation / interdépendance / mondialisation
Commerce international ?
Pays exportateurs de marchandises (les grandes économies européennes)
Pays exportateurs de matières premières (les pays en rattrapage)
Epargne mondiale ?
2. La période de l’entre-deux-guerres : la démondialisation
2.1 L’effondrement des échanges commerciaux
Document : Recul comparé du volume des exportations (1929-1938) Grande-Bretagne France Allemagne Etats-Unis
1929 100 100 100 100 1932 62 58 59 44
1935-1938 (moyenne)
76 57 61 70
Source : J.C.Asselain et alii, Précis d’histoire européenne, 4ième édition, Coll. U, 2015
Document : Evolution comparée des échanges internationaux et de la production mondiale (taux moyen annuel de variation, en volume)
Commerce mondial Production mondiale Pr. Manuf. Prod. primaires Prod. Manuf Prod. Primaires 1896-1900 à 1913 4,2 3,2 4,2 1,8 1913 à 1926-1930 0,8 1,4 2,3 1,4 1926-1930 à 1936-1938
-1,7 0,1 1,3 1,0
Source : J.C.Asselain et alii, Précis d’histoire européenne, 4ième édition, Coll. U, 2015
Document : évolution du commerce mondial en % du PIB depuis 1800
Source : Jean-Pierre Allegret et Pascal Le Merrer « Economie de la mondialisation. Opportunités et fractures », De
Boeck, 2007, p. 30
• On assiste à un effondrement du commerce mondial mais également à un effondrement des flux de capitaux internationaux
• Comment expliquer la « fin de la première mondialisation » ?
2.2 Les effets du choc de 1929
• Les échanges commerciaux internationaux sur-réagissent aux chocs négatifs • Crise aux Etats-Unis (qui est devenue la première économie
mondiale) = hausse chômage / faillite entreprises / faillites des banques • Conséquence : baisse de la demande / crise des institutions
financières (banques) qui permettent la réalisation des échanges internationaux
2.3 La montée des stratégies non-coopératives qui s’accélère après 1929• À partir de la première guerre mondiale, les Etats se tournent vers
des stratégies de « défense des intérêts nationaux » sans se préoccuper des conséquences sur les autres pays
= nom ?
• À partir de la première guerre mondiale, les Etats se tournent vers des stratégies de « défense des intérêts nationaux » sans se préoccuper des conséquences sur les autres pays • Les « égoïsmes sacrés »Stratégies non-coopératives : les gains obtenus le sont nécessairement au détriment des autres Par exemple = favoriser les exportations mais limiter les importations
Avant 1929
• La Grande Bretagne devient protectionniste : 1921• Les Etats-Unis renforcent leur protectionnisme• Les pays à solde commercial positif n’acceptent plus les contraintes
du système de l’étalon-or = les objectifs nationaux passent avant la coordination/coopération internationale (Etats-Unis / France)
Fonctionnement du SMI de l’étalon-or à partir de 1928
Pays dont la balance courante est déficitaire
Pays dont la balance courante est excédentaire
Entrées d’or Sorties d’or
Pas d’inflation / baisse des prix
Déflation généralisée
Déflation (baisse des prix)
Accentue la baisse du niveau général des prix
dans toutes les économies
Choc de demande négatif généralisé
Hausse du chômage généralisée
Stérilisation
Pays excédentaire : les Etats-Unis • Période : décennie 1920 • Pour maintenir sa compétitivité prix, les Etats-Unis stérilisent les
entrées d’or • Les entrées d’or ne provoquent pas une hausse des prix • Entre juin 1928 et juin 1931, l’inflation stagne alors que les réserves
d’or augmentent de 21% Même stratégie de la France entre juin 1928 et juin 1931, elle accroît sa base monétaire de 13% quand ses réserves s’accroissent de 19%
Crise du SMI de l’étalon-or • Explication de Kindleberger : un SMI sans pays leader n’est pas stable • Durant la décennie 1920, le SMI de l’étalon-or fonctionne sans pays
leader capable d’imposer à tous les autres un comportement « coopératif » afin de permettre les mécanismes d’ajustement symétriques des balances commerciales
A partir de 1929
Déclenchement d’une guerre commerciale • Hausse des droits de douane: Les Etats-Unis mettent en place le Tariff
Smooth-Hawley : les droits de douanes sont portés en 1932 à leur maximum historique de 59% (en moyenne). Dès 1932, 60 pays réagissent avec leurs propres hausses tarifaires• Développement des barrières non-tarifaires comme les quotas : ils
s’appliquent en 1937 à plus de la moitié de la valeur totale des importations de la France ou de la Suisse• Dans les régimes autoritaires : prohibition des importations, licences
attribuées cas par cas, contrôle des changes• Signature de traités commerciaux régionaux pour constituer des
forteresses commerciales (accords d’Ottawa en 1932 instaurant des préférences commerciales au sein du Commonwealth)
Déclenchement d’une guerre des monnaies
Guerre des monnaies (guerre des changes)
- L’Angleterre laisse flotter sa monnaie en 1931 (fin du SMI de l’étalon-or) - Les Etats-Unis abandonnent ainsi la convertibilité-or en 1933 et 1934 - La France dévalue puis laisse flotter sa monnaie en 1936
Les Etats-Unis dévaluent en 1934 (le prix officiel de l’or de 20,67 à
35 dollars l’once) Jusqu’en 1936, la France, la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas
ou la Pologne (le Bloc de l’or) restent dans le système de
l’étalon-or
Abandon étalon-or et flottement = la dépréciation de la monnaie doit
stimuler les exportations
Dévaluation = stimuler les exportations
(ces pays mènent des politiques commerciales protectionnistes)
Les « égoïsmes sacrés » = chercher à « exporter » son chômage chez les autres = exporter plus / importer moins
Politiques commerciales : DD et barrières non tarifaires (après 1929)
Politique monétaire visant à stériliser les entrées d’or et
éviter l’inflation (avant 1929)
Guerre des monnaies : flottement ou dévaluation
(après 1929)
Un jeu à somme négatif car les mesures des uns annulent celles des autres et produisent un effet dépressif sur l’économie
Le cycle économique américain produit des chocs négatifs en Europe
(interdépendance)
Diffusion de la crise de 1929
Les pays excédentaires ne respectent pas les règles du
système de l’étalon-orCrise du SMI à partir de 1928
Les pays réagissent à la crise de 1929 par une guerre
commerciale des monnaies
Comportements non-coopératifs : - Absence d’un consensus / approche multilatérale - Absence d’un pays leader capable d’empêcher ces
comportements
Dimension conjoncturelle de la démondialisation
commerciale
Dimension politique = incapacité politique à élaborer des positions communes favorable au
bien-être de tous
2.4 Géographie des échanges commerciaux
• La Grande Bretagne n’est plus la première puissance exportatrice mondiale • En 1937, l’Allemagne est devenue le premier exportateur mondial de
produits manufacturés et réalise 23,4 % des exportations contre 22,4 % pour le Royaume Uni, 20,3 % pour les Etats-Unis et 7,5 % pour le Japon• La composition du commerce international par produits ne subit
aucune modification notable entre 1913 et 1937 : la part des produits primaires représente à peu près deux tiers des exportations mondiales, le reste correspond à la part des produits manufacturés.
La démondialisation montre que la mondialisation est avant tout une dynamique politique
3. La seconde mondialisation : première phase
Document : en % du PIB mondial depuis 1960
Source : Société Générale, Econote nov. 2017 n°39 « Le commerce mondial, en marche arrière ? »
Définition taux d’ouverture ((X+M/2) / PIB)Le taux d’ouverture est calculé comme la demi-somme des exportations et des importations mondiales de biens et services en pourcentage du PIB, aux taux de change courants.
Première phase : 1945/ 1980
La seconde mondialisation
Mondialisation commerciale
Seconde phase : 1990 / 2008
Mondialisation commerciale
Mondialisation financière
Deux grandes facteurs explicatifs période 1945-1980 : • La volonté politique de promouvoir le libre-échange dans le cadre
d’une gouvernance mondiale internationaliste - Le rôle des politiques commerciales : accords multilatéraux et
accords régionaux pour favoriser le libre-échange- Nouveau SMI : Bretton Woods• Le rôle des innovations et du progrès technique
3.1 La volonté politique de promouvoir le libre-échange dans le cadre d’une gouvernance mondiale internationaliste
• Lendemain de la seconde guerre mondiale = volonté d’une coopération internationale pour éviter les stratégies non-coopératives d’avant guerre • La coopération = réguler les échanges internationaux dans l’intérêt
de tous = gouvernance mondiale de type « internationaliste »
3.1.1 La promotion des politiques commerciales libre-échangistes• Gouvernance mondiale des échanges commerciaux de type
« internationaliste »
1947 Signature de l’accord du Gatt (General agreement on tariffs and trade) • Accord dit « multilatéral » = ouvert à un nombre croissant de pays
dans l’intérêt de tous • Il existe un intérêt collectif qui « surplombe » les intérêts nationaux =
la stabilité des échanges internationaux • La stabilité des échanges est produite par la coopération de tous =
c’est un « bien public mondial »
Des accords « régionaux » sont également signés • 1957 Traité de Rome • Il ne s’oppose pas au Gatt mais en est complémentaire dans une
logique internationaliste Document : poids dans le commerce mondial des ACR
Source : Thierry Mayer et Vincent Vicard « ACR. Un poids croissant dans le commerce mondial» dans CEPII
« Carnet Graphique. L’économie mondiale dévoile ses courbes » 2018
3.1.2 Un nouveau SMI
• Les accords de Bretton Woods (1944) • Instaure un régime de change fixe + création du FMI = empêcher les
guerres des monnaies• Objectif externe = favoriser les échanges commerciaux • Objectifs internes = stimuler la croissance et l’emploi
3.2 Le rôle du progrès technique
• La conteneurisation et l’accroissement de taille des conteneurs, une tonne transportée par mer sur 20 000 km consomme autant de carburant qu’une tonne transportée par camion sur 1 000 km • Utilisation du fioul lourd
Document : coût de distance et des communications en dollars constants de 1990 (base 100 en 1970)
3.3 Nature et géographie des échanges internationaux
Document : Part des principaux pays exportateurs dans le commerce mondial (source GATT)
1955 1973 Pays Part en % Rang Part en % Rang
Etats-Unis 19,0 1 13,6 1 RFA 7,7 3 13,2 2 Japon 2,4 8 7,1 3 France 6,0 4 6,9 4 Royaume-Uni 9,6 2 5,9 5
• Domination des Etats-Unis • Mais rattrapage des pays européens et du Japon (1960/1980)
• Déclin des pays du Sud dans les échanges mondiaux• Leur part des les exportations mondiales passent de 31 % à 18 %
entre 1950 et 1970. • L’excédent commercial des pays en développement s’est même
transformé en déficit pour les pays non exportateurs de pétrole.
• Domination Etats-Unis + rattrapage Europe/Japon + déclin du Sud = creusement des inégalités internationales
3.4 La décennie 1980 : un tassement du taux d’ouverture commerciale Apparition du protectionnisme de la zone grise• Dans le cadre du protectionnisme autorisé par le Gatt = utiliser toutes les
mesures protectionnistes mise à la la disposition du Gatt Instaurer des quotas quand le chômage augmente fortement dans un secteur / la balance commerciale devient durablement déficitaire + augmenter les droits de douane pour sanctionner des pays que l’on accuse de concurrence déloyale • En dehors du cadre du protectionnisme autorisé par le Gatt Utiliser des barrières non tarifaires qui ne sont pas régulées par le Gatt = normes techniques et sanitaires 1974 : le Congrès des Etats-Unis vote la section 301
4. La seconde mondialisation : seconde phase
Source : Sébastien Jean « Ouverture commerciale mondiale » dans CEPII « Carnet Graphique. L’économie mondiale
dévoile ses courbes » 2018
4.2 Le rôle des politiques commerciales
Les accords multilatéraux progressent • Nouveaux domaines de négociation : l’Uruguay Round = réduire les
barrières non tarifaires (quotas, subvention, restriction volontaire aux exportations)• Signature du Gats et du Trips (droits de la propriété intellectuelle)• La création de l’OMC : 1995 = institution dotée d’un organe de
règlement des différents commerciaux • Suppression des accords multifibres signés en 1974
De nouveaux accords régionaux - Création du marché commun du Sud (Mercosur) en 1991- Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) en1992- Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) en1994
Document : corrélation tarif douanier et commerce international depuis 1990
Source : Société Générale, Econote nov. 2017 n°39 Le commerce mondial, en marche arrière ?
4.3 Le rôle du progrès technique
• La révolution numérique
Document : coût de distance et des communications en dollars constants de 1990 (base 100 en 1970)
4.4 L’internationalisation des systèmes productifs et l’essor des chaînes de valeur mondiales Un facteur explicatif de l’essor des échanges qui est plus important que celui de la baisse des droits de douanes • « Depuis la fin des années 1980, le développement rapide des CVM
mises en œuvre par les entreprises modernes a porté l’intégration économique entre les pays à des niveaux historiquement sans précédent. Les CVM sont devenues la clé de voûte de l’économie mondiale et une caractéristique dominante du commerce mondial. » • Source : Société Générale, Econote nov. 2017
• La chaîne de valeur désigne les différentes étapes nécessaires pour produire un bien ou un service de la recherche à la distribution. • La notion de chaîne de valeur mondiale (CVM) désigne la réalisation
sur des territoires nationaux différents des tâches nécessaires à la réalisation d’un bien ou d’un service marchand• Comment réaliser des tâches sur un autre territoire ? faire appel à
une filiale ou un sous-traitant • Entreprises internationales : choisir entre exporter, faire à l’étranger
ou faire faire à l’étranger
les IDE- Elles rachètent des firmes existantes ou fusionnent
(Investissement brown field)- Elles créent des firmes ex-nihilo (Investissement green field)
IDE horizontaux : il consiste à répliquer dans un autre pays le
processus de production de la maison mère (se rapprocher de la demande locale et réduire les
coûts de distance)
IDE verticaux : il consiste à diviser le processus de
production en segments et à en confier certains à des filiales étrangères (s’appuyer
sur les avantages comparatifs des territoires)
Création de chaînes de valeur mondiale CVM (DIPP)
La création de filiale à l’étranger Les investissements à l’étranger : distinguer IDE horizontaux et IDE verticaux
• Exemple d’IDE vertical : - Le leader mondial des puces informatiques, Intel, a divisé sa production en trois grandes activités : la fabrication des tranches de silicium, l’assemblage et les tests. - La fabrication des tranches de silicium, de même que la R&D, est une activité intensive en travail qualifié, ce qui explique pourquoi Intel réalise cette production dans des pays où les niveaux d’éducation sont relativement élevés : les Etats-Unis, l’Irlande et Israel. - L’assemblage et les tests sont davantage des tâches de routines, intensives en travail non qualifié. Intel a localisé ses activités dans des pays où la main d’œuvre est bon marché (Malaisie, Philippines, Costa-Rica et la Chine).
Étude de Fabrice Defever et Jean-Louis Mucchielli (2005)
• Les stratégies de localisations diffèrent selon les étapes de la chaîne de valeur :
- En amont, (quartiers généraux et R&D) les choix d’implantation sont très sensibles à la gouvernance des pays d’accueil (stabilité politique …) et à la présence de firmes étrangères (effet d’agglomération)- Pour les sites de production, c’est le niveau de coût salarial unitaire qui est déterminant dans le choix d’implantation- Enfin, pour les activités les plus en aval (logistique, bureaux commerciaux), ce qui est le plus important, c’est la taille du marché de la zone d’accueil
Conséquence de l’essor des IDE = développement des FMN
• Définition FMN : détenir une filiale à l’étranger
• Le nombre de FMN dans le monde s’élève à environ 82 000 en 2008
(CNUCED) possédant 810 000 filiales. (…) Elles étaient 37 000 au
début des années 1990 et possédaient moins de 70 000 filiales.
• Les sociétés-mères de pays émergents comptent en 2008 pour 28% du total des 82000 FMN dans le monde.
• Les 500 plus grandes FMN demeurent ancrées dans les trois grands
pôles développés de la Triade : Etats-Unis, UE et Japon. Une large part
de leurs activités s’opèrent sur ces marchés régionaux.
• Le découpage de la chaîne de valeur = faire appel à une filiale ou un sous-traitant qui réalise une étape de la production• La filiale comme le sous-traitant s’appuient sur les avantages
comparatifs d’un territoire • Pourquoi faire appel à un sous-traitant plutôt que de réaliser un IDE
vertical et créer une filiale ?
Avantage sous-traitants = - sa taille (il produit pour plusieurs entreprises = économies d’échelle)
Avantage filiale = - Conserver la maîtrise du savoir-faire (du capital spécifique O.Williamson PN 2009)
- Maîtriser les prix des flux entre les filiales (optimisation fiscale)
• Pourquoi le découpage de la chaîne de valeur s’est-il développé ? • Pourquoi ce découpage s’est-il mondialisé ?
Une nouvelle gouvernance des entreprises
• Passage des grandes firmes fordistes intégrées verticalement aux firmes-réseaux = désintégration du processus productif • Thimothy Sturgeon (2002) « la chute de la grande entreprise moderne
comme paradigme dominant d’organisation industrielle »• La gouvernance actionnariale s’impose = recherche de la valeur
actionnariale maximale • L’entreprise devient un « jeu de lego » / « modularisation » : Suzanne
Berger= Découpage de la chaîne de valeur : les tâches réalisées jusqu’alors d’une même organisation sont découpées et confiées à des filiales ou à des sous-traitants = recentrage sur « le cœur de métier »
La libéralisation des mouvements de capitaux
• Décennie 1980 : décloisonnement des systèmes financiers nationaux • Les entreprises profitent de ce décloisonnement pour développer desIDE. • Avec le progrès technique et la numérisation, l’éloignement n’est plus
un obstacle pour gérer les différentes filiales d’une firme-réseaux situées dans des pays différents.
Document : la nature des flux entrants dans les pays en développement
Source : J.L.Mucchielli « La mondialisation. Chocs et Mesure » Hachette supérieur, 2008, p.76
À partir de la décennie 1990/2000 jusqu’à 2008
• Les IDE entrants dans la FBCF passe de 4% à 16% dans le monde
• Mais les IDE ne représentent pas la majorité des flux de capitaux
• La majorité des flux de capitaux = les flux de capitaux les plus volatils, investissements de portefeuille et surtout autres investissements (essentiellement des prêts et des emprunts internationaux)
Document : les IDE
Source : Sébastien Jean « IDE. Quand la mondialisation fait boule de neige» dans CEPII « Carnet Graphique.
L’économie mondiale dévoile ses courbes » 2018
La nouvelle stratégie de développement chinoise • La faiblesse de la demande intérieure est compensée par les
exportations dans le reste du monde • Avantage comparatif = coût unitaire de production
À partir des années 1990
Les facteurs explicatifs de la dynamique de la mondialisation commerciale et financière à partir des années 1990
Le progrès technique (NTIC) réduit les coûts de
distance
Les accords commerciaux stimulent les échanges
commerciaux : avancées du Gatt + création OMC +
nouveaux ACR
Décloisonnement des systèmes financières =
hausse IDE
Apparition des chaînes de valeur mondiales
Les firme-réseaux remplacent les firmes
fordistes + Gouvernance actionnariale
Découpage de la chaîne de valeur
Emergence Chine
Apparition CVM
4.5 Nature et géographie des échanges internationaux
Document : évolution poids des grandes économies dans les échanges commerciaux
Source : Société Générale, Econote nov. 2017 n°39 Le commerce mondial, en marche arrière ?
• En 1980, la Chine était au 30e rang des exportateurs de marchandises et réalisait 0,89% des exportations mondiales de marchandises• En 2011, la Chine devient le premier exportateur mondial de
marchandises
Document : primaire/biens manufacturés et services
Source : Deniz Unal « Spécialisation de la Triade « Carnet Graphique. L’économie mondiale dévoile ses courbes »
2018
Document : le développement des échanges de biens décomposés (ou intermédiaires) (importations mondiales par type de biens (milliards USD) 1992-2012)
Source : OCDE, "Le dégroupage des échanges : croissance des échanges tirée par les biens
intermédiaires, 1992-2012"
Document : le poids des inputs importés dans la production manufacturière
Source : J.P. Allegret et P. Le Merrer « Economie de la mondialisation. Opportunités fractures », De Boeck, 2007,
p.60
Document
Source : Isabelle Bensidoun et Deniz Unal « Echanges de services » dans Carnet Graphique. L’économie mondiale
dévoile ses courbes » 2018
Des échanges qui restent majoritairement régionaux
Document : le commerce intrabranche
Source : Alexis de Saint Vaulry et Deniz Unal « Commerce intra vs interbranches) Carnet Graphique. L’économie
mondiale dévoile ses courbes » 2018
En résumé : • Hausse part de la Chine = échanges entre pays de niveaux de
développement différents • Spécialisations Etats-Unis (biens HG et services) / Europe (biens HG, MG et
produits agricoles) / Chine (biens BG et MG)• Essor des échanges de biens intermédiaires liés au découpage de la chaîne
de valeur • Majorité des échanges = biens manufacturés mais essor des flux de
services liés au découpage de la chaîne de valeur et aux firme-réseaux • Régionalisation des échanges
Progrès technique Volonté politique = libre-échange
Volonté politique = mouvements de capitaux
Volonté politique = migrations internationales
Jusqu’en 1914Entre-deux-guerres1945-1980Depuis 1980
Progrès technique Volonté politique = libre-échange
Volonté politique = mouvements de capitaux
Volonté politique = migrations internationales
Jusqu’en 1914 + + + +Entre-deux-guerres + - - +1945-1980 + + - +1980-2008 + + + -
5. La mondialisation commerciale depuis 2008 Document : à partir de 2012, la croissance des échanges de biens manufacturés devient inférieure à
celle du PIB mondial
Source : Matthieu Crozet, Conférence Saint Etienne, http://ses.ens-lyon.fr/, 15 janvier 2015
Le taux d’ouverture commercial se stabilise et recule légèrement
Document : un taux d’ouverture mondiale relativement stable
Source : Sébastien Jean « Le ralentissement du commerce mondial annonce un changement de tendance »,
lettre n°356 du CEPII, septembre 2015
• Un taux d’ouverture commerciale qui se stabilise et décroît légèrement • Malgré ce léger recul, on ne peut pas parler de démondialisation
5.1 Les échanges commerciaux sur-réagissent aux chocs négatifs • Crise subprimes de 2008• Crise zone euro 2011• Depuis 2017 Brexit• Crise Coronaviru de 2020
Entre 2008 et 2009, le PIB mondial a enregistré une baisse de plus de 5% en dollars courants : - La contraction du commerce international de biens et services a été
plus spectaculaire encore : il a diminué d’environ 20%- L’intégration financière passe de 22% du Pib mondial à 4%
• Comment expliquer la sur-réaction du commerce international ? - La mise en péril de plusieurs grandes banques a asséché soudainement
les sources de financement des entreprises exportatrices, en premier lieu les PME
- Transformation de la demande qui délaisse les biens à forte VA - Recul de l’investissement et des importations de biens d’équipement
(25% des exportations françaises)
• En 2010/2011 débute la crise de l’euro = impact jusqu’en 2017/2018 = nouveau choc négatif
- Les banques européennes sont les grands acteurs du financement de l’économie mondial / flux de capitaux mondiaux - La crise des banques européennes limite leur participation à ses flux =
les IDE se maintiennent (logique productive) mais les capitaux « flottant » reculent
• Depuis 2018 = incertitudes autour du Brexit
5.2 Une tendance à l’affaissement des échanges
L’économie chinoise se recentre sur sa demande intérieure La part des exportations dans le pib chute et les déséquilibres de balance courante se réduisent
Document : le tassement de la dynamique d’ouverture de l’économie chinoise
Source : Société Générale, Econote nov. 2017 n°39 « Le commerce mondial, en marche arrière ? »
• Pour Patrick Artus, la Chine choisit de changer de modèle de développement : passage d’un modèle mercantiliste à un modèle fordiste • Modèle fordiste ? La production se rapproche des acheteurs finaux des biens La production est tirée par une demande intérieure qui progresse en raison de la hausse des salaires L’insertion dans le commerce international joue un rôle moins important
Une économie mondiale qui se tertiarise
La panne de l’OMC • le cycle de négociation ouvert à Doha en 2001 n’est toujours pas
conclu• Le directeur de l’OMC a démissionné en avril 2020• La retour du protectionnisme de la zone grise sous l’impulsion des
Etats-Unis
Une politique américaine « souverainiste » qui crée de l’incertitude etdes tensions commerciales
FMIPERSPECTIVES DE L’ÉCONOMIE MONDIALE 2019
5.3 Des facteurs qui expliquent le maintien de l’ouverture commerciale • Les Etats maintiennent une coopération suffisante pour éviter les
guerres commerciales et monétaires • Si OMC en crise, le G20 et l’OCDE fonctionnent comme des lieux de
coopération internationale • 2009 sommet G20 de Londres
Les chaînes de valeur mondiale ne disparaissent pas (rôle des FMN)
La croissance des chaînes de valeur mondiales n’est pas enrayée Guillaume Gaulier (Banque de France), Aude Sztulman (Universite Paris-Dauphine) et Deniz Ünal (CEPII 2019)
Le commercial mondial sur-réagit aux chocs économiques
Effets conjoncturels chocs de demande et d’offre négatifs :
Choc mondial 2008/2009Crise euro 2011/2017
Brexit 2017/2019Covid 2020
Conséquences : • sur la solvabilité des banques
• sur l’offre de biens et services des entreprises
• sur la demande des ménages et des entreprises
Un contexte défavorable aux échanges interna?onaux
• Nouveau modèle de développement en Chine
• Tertiarisation économie mondiale
• Difficultés de l’OMC et position des Etats-Unis
• Les CVM n’ont pas disparu • Les Etats maintiennent une coopération suffisante pour éviter
les guerres commerciales et monétaires
Stabilisation du commerce mondial (en % du PIB)
Un contexte favorable aux échanges interna?onaux
Le commerce mondial aujourd’hui :• Internationalisation des échanges• Internationalisation des systèmes productifs = rôle des entreprises
internationales et des FMN• Rééquilibrage PDEM / émergents
Progrès technique Volonté politique = libre-échange
Volonté politique = mouvements de capitaux
Volonté politique = migrations internationales
Jusqu’en 1914 + + + +Entre-deux-guerres + - - +1945-1980 + + - +1980-2008 + + + -Depuis 2008 + + mais tensions
protectionnistes plus fortes
+ mais certains pays contrôlent leurs mouvements de
capitaux
- -
Comment expliquer la spécialisation des économies ? Quels sont les avantages et limites du libre-échange ?